Je n’ignore pas que mon écoute obstinée de la musique est un enfermement dans une bulle intemporelle que renforce encore mon obsession des chansons anciennes de mon enfance. Je vis, dans la solitude, une solitude construite, affirmée et même si parfois celle-ci me pèse, c’est une solitude que j’ai toute ma vie, patiemment, édifiée. Pourtant je ne hais pas mes semblables, je n’ai envers eux aucune rancœur, je ne me sens pas supérieur à eux. Plus simplement ils m’indiffèrent et les fréquenter m’obligerait à supporter trop de contraintes depuis les insoutenables incessants bavardages jusqu’aux constant besoins d’effusion hypocrite. Je me mets à l’écart.
1 Je ne me souviens plus, je ne me souviens pas… Jamais je n'ai eu de mémoire. Aujourd'hui, aujourd'hui, j'ai soixante dix ans ans et de ces vingt huit mille et cent cinq jours qui font mon existence, je n'ai souvenir que d'une petite poignée. Je n'ai, de plus, aucune certitude que ce reste ridicule, appréciable sur les doigts de mes mains, ait bien constitué la quintessence de ma vie. Je crains d'être passé à côté de l'essentiel, de ne constituer mes souvenirs que de choses futiles comme de ces couleurs criardes qui sur certaines toiles gênent la perception des nuances plus fines. Aussi, une de mes obsessions les plus fortes, les plus récurrentes, a toujours été, pour une raison ou une autre, d'être interrogé un jour par un quelconque inspecteur de police dont la question serait : "Qu'avez-vous fait à telle date et à telle heure ?…" et ceci quand bien même la date ne remonterait que deux ou trois jours en arrière. Sans avoir jamais...
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